Merveilleuse Samantha ! ... Incroyable Samantha ! ... Formidable Samantha !
Comme prévu dans les dernières estimations (à 1 heure près), c'est
ce matin à 01 h 41 que
Samantha Davies a passé la ligne d'arrivée de ce Vendée Globe 2008-2009 (malheureusement les télévisions n'étaient pas en direct
).
Son temps global est donc de :
95 jours 4 heures 39 minutes 01 seconde, en tenant compte de ses 32 heures de bonification pour l'assistance apportée à Yann Eliès.
Sa moyenne
réelle de vitesse sur l'eau s'établit à
12,02 noeuds pour un parcours total de
27 470 milles.
Sur le parcours "théorique" de 24 840 milles (c'est à dire le parcours optimal), sa moyenne serait de 10,87 noeuds.
Troisième bateau à franchir la ligne, Samantha Davies doit cependant attendre l'arrivée de
Marc Guillemot pour connaître son classement final, celui-ci disposant d'un bonus de 50 heures sur l'anglaise.
Une course sage, mais payante
Benoit Stichelbaut / Algimouss
Partie comme outsider, sur un bateau déjà très vieux (mais fiable, puisqu'il avait remporté les deux dernières éditions),
Samantha Davies a su réaliser une
course prudente, mais en tirant pleinement profit des moments où il fallait attaquer (elle fait partie du petit club des concurrents qui ont réussi à dépasser au moins une fois la barre des
400 milles sur 24 heures pendant ce Vendée Globe).
Dans le rythme avec tout le monde au début (235 milles de retard sur le leader au passage de l'Equateur), la jeune anglaise va ensuite avoir quelques problèmes à franchir l'anticyclone de Sainte-Hélène avec un bateau moins puissant que ses concurrents : elle perd 300 milles en quatre jours. Et c'est en
14ème position qu'elle franchit le
Cap de Bonne Espérance, avec 560 milles de retard.
Vient ensuite l'entrée dans le Grand Sud, et alors que la flotte commence à avoir quelques pépins, aucune avarie majeure ne vient ralentir
Roxy, du coup Samantha pointe à la
10ème place au passage du
Cap Leeuwin (à 1035 milles de Michel Desjoyeaux qui a déjà pris la tête à ce moment-là). Puis c'est l'épisode de la blessure de
Yann Eliès, et la course mise en parenthèse pour aller lui porter assistance avec
Marc Guillemot. Un déroutage qui s'avèrera finalement inutile puisqu'elle arrive sur les lieux seulement après que Yann Eliès ait été récupéré (en revanche l'aide psychologique de Marc Guillemot, qui était situé plus près de Yann Eliès et qui est donc arrivé avant la marine australienne, a été important).
La traversée du Pacifique est ensuite particulièrement difficile, avec beaucoup de fortes dépressions se succèdant, et autant de problèmes pour beaucoup de leaders : jusqu'au chavirage de
Jean Le Cam (et le demâtage quelques jours plus tard de
Vincent Riou venu le secourir), c'est finalement
6 nouveaux abandons que l'on doit déplorer !
Résultat : au passage du
Cap Horn,
Samatha Davies, toujours épargnée, se retrouve
4ème ! (en fait, virtuellement 5ème, puisque Marc Guillemot juste derrière elle possède plus de bonification).
C'est là que l'on se trouvait, à environ 7000 milles de l'arrivée, avec toute la remontée de l'Atlantique à faire, lors de mon précédent article (avant les deux updates) :
Vendée Globe 2009 : Merveilleuse Samantha
Une fin de course délicate, et très serrée
Alors que la remontée de l'Atlantique est traditionnellement moins dangereuse que la traversée des mers du Sud, le moins que l'on puissse dire est que ce dernier mois de course n'a pas été de tout repos pour les navigateurs (en tout cas pour les premiers de la flotte, les derniers ne faisant que commençer cette remontée..). En particulier, des tempêtes
particulièrement fortes ces derniers jours se sont abattues sur eux, rendant la navigation difficile et dangereuse (d'autant qu'en se rapprochant de la "civilisation", il faut en plus se soucier du traffic maritime).
Pour Samantha, les difficultés ont commencé au large de l'Uruguay où elle a perdu beaucoup de temps. Du coup, Marc Guillemot, malgré un arrêt pour une petite réparation, a réussi à refaire son retard (sur l'eau, puisqu'en temps il n'avait pas à se faire de soucis) en longeant les côtes brésiliennes. C'est alors le début d'un
duel palpitant entre les deux navigateurs, Marc Guillemot ayant décidé de jouer la troisième place "réelle" malgré son avance "virtuelle" en bonification.
Devant, c'est l'arrivée de
Michel Desjoyeaux le 01 février, et l'abandon surprise de
Roland Jourdain le lendemain, à cause d'une
perte de quille dûe à sa rencontre avec un cétacé quelques semaines plus tôt. Du coup, c'est le benjamin
Armel Le Cléac´h qui prend la seconde place de ce Vendée Globe le 07 février, 5 jours derrière le vainqueur (grâce à quelques heures de bonification).
Jacques Vapillon / DPPI / Vendée Globe
Au passage de l'Equateur et du fameux Pot-au-Noir, le duel entre Samantha Davies et Marc Guillemot bat son plein : les deux bateaux se suivent à quelques milles de distance. Derrière eux, un autre combat se joue entre deux compatriotes (anglais) :
Brian Thompson et
Dee Caffari ont parcouru plus de 80% des 3 mois de course à seulement quelques centaines de milles d'écart ! Et en plus, ils remontent sur Davies et Guillemot...
Dans ces conditions de régate, il faut faire les
bons choix et profiter de la
moindre opportunité. Toujours légèrement devant, Samantha Davies décide de prendre une route vers l'Est, plus directe (tellement directe d'ailleurs, qu'elle finira par TRAVERSER l'archipel des Açores, entre deux îles !! Je crois qu'aucun autre concurrent n'est passé par là... à part Roland Jourdain évidemment, qui lui, s'y est arrêté). Son poursuivant direct (suivi d'ailleurs des deux autres) préfère
rallonger la route et contourner l'anticyclone des Açores par le nord-ouest (largement).
C'est la magie de la course à la voile : souvent la route la plus courte
n'est pas la meilleure, et parfois la même route à deux jours d'intervalle donne des résultats
totalement différents à cause du changement de météo...
En l'occurrence,
c'est le français qui avait raison. Lorsque Samantha s'en aperçoit, elle a certes pris quelques 300 milles d'avance, mais ceux-ci vont fondre comme neige au soleil dès que Marc Guillemot attrappe les vents d'ouest au-dessus de l'anticyclone, alors que la britannique n'avance plus (
2 noeuds contre
15 dans la nuit du 6 au 7 février !!). Logiquement, Marc Guillemot prend la 3
ème place le 7 février, et Sam ne peut que reconnaître, bonne joueuse, qu'elle n'a pas pris la bonne décision (le 02 février, elle avait dit dans son message du jour : "
Marc se décale vers l'Ouest : j'ai regardé et je ne vois pas pourquoi il faut aller dans l'Ouest, pour moi c'est plutôt une route Est qu'il faut prendre parce que l'anticyclone ne fait que monter et se déplacer vers l'Ouest. Du coup, je ne sais pas si Marco va réussir à faire le tour. Peut-être que c'est à cause de ses voiles qu'il essaye de chercher le portant au plus vite. Moi, je continue ma route").
Mais il était dit que ce Vendée Globe réserverait de nombreuses surprises et déconvenues...
Deux jours plus tard, au matin du 9 février, Marc Guillemot annonce qu'il a des problèmes de quille, et quelques heures plus tard, qu'il l'a
perdue...
Safran se retrouve dans la même situation que
Veolia Environnement dix jours plus tôt, mais contrairement à Roland Jourdain qui avait perdu sa quille avant d'arriver aux Açores et pouvait donc s'y arrêter (d'autant que la météo des jours suivants rendait la poursuite de la course périlleuse),
Marc Guillemot est à moins de 1000 milles de l'arrivée et la météo semble plus propice. Il décide donc de continuer vers les Sables d'Olonne, mais évidemment doit à nouveau concéder la troisième place (sur l'eau) à la jeune britannique.
Dernière galère de cette course à rebondissement : si la tempête du 10 février qui s'est abattue sur la France n'a pas affecté les concurrents (au contraire du
Village Arrivée dont les châpiteaux ont été détruits, avec 76 noeuds de vent enregistrés à l'île d'Yeu), c'est une énorme
bulle anticyclonique qui les oblige à infléchir leur trajectoire depuis le 11, et au lieu d'arriver directement sur la Vendée, ils doivent
remonter vers le Nord pour la contourner (pour donner une idée du décalage et du rallongement : Marc Guillemot, toujours sans quille mais persévérant, vient tout juste de virer vers le Sud, alors que Brian Thompson et Dee Caffari, qui sont presque au contact, sont au niveau de la
latitude de BREST !!).
Les temps d'arrivée se sont donc considérablement allongés ces derniers jours : début février, on estimait que le troisième arriverait le 11, nous sommes finalement le 14...
Mais au moins, notre belle Samantha aura réussi à arriver pour la
Saint-Valentin !!
Ce n'est pas fini...
L'arrivée ce matin de Samantha Davies ne marque pas la fin de la course : ni pour elle, ni pour les autres concurrents encore sur l'eau.
Premièrement, elle est actuellement au mouillage devant les Sables d'Olonne (quelques heures de répit après 3 mois de course), elle attend la marée pour remonter le chenal et s'amarrer au quai. A priori à partir 9h-9h30 (et cette fois, les chaînes de télé devraient être réveillées..).
Jean Marie Liot / DPPI / Vendée Globe
Deuxièmement, son classement ne sera officialisé que lorsque Marc Guillemot sera arrivé : son avance en bonification est de
50 heures sur la britannique. Il faut donc qu'il passe la ligne avant
lundi matin 3h41 pour conserver sa troisième place. Et cela risque de se jouer à quelques heures (voire quelques minutes dans un scénario suspense). Au classement de 5h00, Marc avait quelques 250 milles à parcourir. Si l'on s'en tient à la progression sur les dernières 24 heures, il lui faudrait 47 heures pour rallier l'arrivée. Tout va donc dépendre des conditions météo sur les 2 prochains jours, sachant que
Safran est toujours handicapé par son absence de quille (et qu'il ne peut donc pas prendre trop de risques)...
Enfin, il reste également à suivre le duel entre
Brian Thompson et
Dee Caffari, qui ne sont distants que de 65 milles. Thompson est devant depuis longtemps et devrait terminer à la 5
ème place (même s'il passe Marc Guillemot, car celui-ci est loin devant en temps grâce aux bonifications. D'ailleurs les 2 anglais devraient réussir à passer devant le français sur l'eau, Brian Thompson n'étant plus qu'à 40 milles de Marc Guillemot).
Derrière ces 3 navigateurs attendus dimanche soir ou lundi, il restera 5 navigateurs en course, assez détachés les uns des autres, le dernier ayant encore 5200 milles à parcourir (3 semaines).
La star de l'épreuve
Quelque soit son classement final, 3
ème ou 4
ème, Samantha Davies restera incontestablement
LA STAR de ce Vendée Globe 2008-2009.
Si la performance sportive de Michel Desjoyeaux (et celle du benjamin de l'épreuve, Armel Le Cléac'h) n'est pas remise en cause, il est clair qu'au delà des performances pures, ce qui aura
marqué les esprits, c'est le
plaisir de la britannique de participer à cette aventure, et sa
capacité à le transmettre : rien n'a semblé entacher son bonheur d'être en mer, et de naviguer en course face à un plateau de coureurs exceptionnels, même sur un bateau moins performant. On se souviendra longtemps de ses prestations audio, vidéo et textes...
(voir
Vendée Globe 2009 : Merveilleuse Samantha).
Personnellement, les messages de Samantha (et sa progression) ont été les
seuls moteurs de mon intérêt pour ce Vendée Globe. Et
je ne suis pas le seul : la jeune anglaise fait partie des concurrents ayant reçu
le plus de messages de soutient au PC Course depuis le début de l'épreuve.
En gros, le succès médiatique du Vendée Globe doit BEAUCOUP à
Samantha Davies (et le fait qu'elle ait ainsi remonté le classement de la 14
ème à la 3
ème place n'est que la cerise sur le gâteau).
A suivre : un petit update à l'arrivée des 3 prochains navigateurs, a priori lundi...
Update (15/02 - 17/02) : arrivée de Marc Guillemot, Brian Thompson et Dee Caffari
Au classement de
20h ce dimanche 15 février,
Marc Guillemot n'est plus qu'à moins de 40 milles du but.
Il va donc réussir son double pari :
- ramener
Safran à bon port sans quille pendant près de 1000 milles.
- conserver sa 3
ème place sur le podium : il devrait a priori passer la ligne
vers 01 heure du matin, soit près de 3 heures avant l'échéance fixée par le temps de Samantha Davies.
[Update 00h30] : c'est carrément fait... A minuit 30, Marc Guillemot n'est plus qu'à 18 milles de la bouée finale, qu'il devrait atteindre entre 2h et 2h30. Il prendra donc la 3ème place de ce Vendée Globe, devançant Samantha Davies de moins de 2 heures (note : mon estimation faite il y a 2 jours ci-dessus était donc plutôt bonne...
)
[Update 03h00] :
Marc Guillemot a passé la ligne à
2h21. Son temps, corrigé des 82 heures de bonification, s'établit à
95 jours 03 heures 19 minutes 36 secondes et il prend donc la
3ème place de ce Vendée Globe 2008-2009 (rappel : Vincent Riou est également classé troisième, suite à sa "
réparation donnée" puisqu'il avait démâté "à cause" du sauvetage de Jean Le Cam).
Pour 1 heure et 20 minutes de retard (plus petit écart entre deux concurrents dans l'histoire de cette course), Samantha Davies doit donc se contenter de la 4
ème place, ce qui est déjà exceptionnel (et même si cet écart résulte de décisions "sur tapis vert", il faut reconnaître que Marc Guillemot méritait cette place sur le podium tellement il n'a pas été épargné par les problèmes en tout genre et au vu de la performance réalisée ces derniers jours pour terminer la course sans quille).
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[Update du 17/02] : Comme prévu
Brian Thompson et
Dee Caffari sont arrivés à leur tour lundi (à 8h30 et 13h) se classant respectivement 5
ème et 6
ème.
Pour les deux navigateurs anglais, cette arrivée est une délivrance presque aussi grande que pour Marc Guillemot : Brian Thompson commençait à avoir lui aussi des
problèmes de quille (mais elle n'a pas lâché comme celle de Guillemot) ce qui l'a empêché de faire le forcing ces derniers jours, quant à Dee Caffari elle se battait depuis de longues semaines (avant même le Cap Horn !) avec sa grand voile qui
partait en lambeaux (à l'arrivée, l'image est saisissante : des patchs et du scotch partout, couvrant plus ou moins des trous béants...).
Note : Dee Caffari devient ainsi la première femme à avoir réalisé le tour du monde en solitaire sans escale
dans les deux sens (même si son tour en "sens contraire", c'est à dire contre les vents dominants, était juste un défi, pas une course).
Voici donc le classement et les chiffres globaux des 6 premiers de ce Vendée Globe 2008-2009 (la vitesse théorique correspond au parcours théorique "idéal" de 24840 milles) :
Rang | Navigateur | Arrivée | Temps de course | Distance réelle | Vitesse réelle | Vitesse théorique |
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1 | Michel Desjoyeaux (Foncia) | dimanche 01/02/09 à 15:11 | 84 jours 03 h 09 min 08 s | 28303.2 milles | 14.0 noeuds | 12.30 noeuds |
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2 | Armel Le Cléac´h (Brit Air) | samedi 07/02/09 à 08:41 | 89 jours 09 h 39 min 35 s | 27232.6 milles | 12.7 noeuds | 11.57 noeuds |
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3 | Marc Guillemot (Safran) | lundi 16/02/09 à 01:21 | 95 jours 03 h 19 min 36 s | 28401.2 milles | 12.4 noeuds | 10.88 noeuds |
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4 | Samantha Davies (Roxy) | samedi 14/02/09 à 00:41 | 95 jours 04 h 39 min 01 s | 27470.2 milles | 12.0 noeuds | 10.87 noeuds |
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5 | Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) | lundi 16/02/09 à 08:31 | 98 jours 20 h 29 min 55 s | 28699.8 milles | 12.1 noeuds | 10.47 noeuds |
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6 | Dee Caffari (Aviva) | lundi 16/02/09 à 13:12 | 99 jours 01 h 10 min 57 s | 27906.9 milles | 11.7 noeuds | 10.45 noeuds |
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Et les autres ?
Alors que nous avons passé aujourd'hui les
100 jours de course, il reste
5 navigateurs en course... Et les deux derniers sont encore loin (au large du Brésil).
Arnaud Boissières a passé les Açores et devrait arriver le week-end prochain (840 milles à parcourir au dernier classement).
Steve White est à un peu plus de 1500 milles de l'arrivée.
Derrière, il y a un GROS TROU, avant de retrouver
Rich Wilson, qui vient à peine de passer l'Equateur (près de 3000 milles à parcourir).
Enfin,
Raphaël Dinelli et
Norbert Sedlacek sont encore dans l'Atlantique Sud et ont plus de 4500 milles à parcourir !!
Parmi ces 5, le seul "duel" possible sera (éventuellement, car pour l'instant il y a quand même 500 milles d'écart entre les deux) celui pour la dernière place, à condition évidemment qu'il n'y ait pas de casse..
Pour ces "retardataires", à part éviter les ennuis de dernière minute (et on a vu que la remontée de l'Atlantique n'est pas forcément de tout repos, surtout quand le matériel est déjà éprouvé), le gros problème à gérer sera les
VIVRES : en effet, la course sera plus longue pour eux de plus d'un mois pour certains, et en fonction des estimations faites au départ, il faudra peut-être se
rationner !!
Globalement, et sans vouloir faire injure à ces cinq marins, il faut avouer que la course a désormais perdu un peu d'intérêt. D'une part parce qu'il n'y a plus de "régate" entre 2 concurrents (chacun étant plus ou moins isolé), et surtout parce que nous n'avons plus les
messages de bonheur de
Samantha Davies qui faisaient que l'on avait hâte de se connecter au site officiel tous les jours..
(on attend par contre une éventuelle invitation au
Grand Journal, bien méritée, pour l'instant on a dû se contenter d'un passage éclair sur
RMC Info ce soir...)
Je ferai peut-être néanmoins un (petit) article de conclusion lors de l'arrivée du dernier (ne serait-ce que pour mettre à jour le tableau ci-dessus).