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03-12-2010 16:32:40  "24 heures chrono" : la dernière heure de Jack

   Soirée exceptionnelle sur Canal+ hier soir : la fin (définitive) de l'une des deux séries emblématiques des années 2000 (avec "Lost", également terminée cette année) : "24 heures" ("24" en version originale, "24 heures" dans la plupart des traductions, "24 heures chrono" en France).

   Après 192 heures (24h x 8 saisons) d'enquêtes, de poursuites, d'interrogatoires musclés, de trahisons dans tous les sens, de complots divers contre l'État, de tentatives d'attentats contre des présidents ou contre le pays (cela va de l'assassinat "simple" à la menace nucléaire, en passant par l'attaque bactériologique ou informatique, selon les saisons), Jack Bauer vient de vivre sa dernière longue journée

   Le slogan de Canal pour cette soirée spéciale était : "N'attendez pas la suite, il n'y en a pas…".
Et même si cela semble "faible" à première vue, c'est finalement assez bien vu si l'on suit la série depuis le début : le rendez-vous avec Jack chaque année à la même période (automne) était devenu une habitude, et manquera inévitablement sur la grille de l'année prochaine.

Concept / Origine


24 heures saison 8
Fox

   Jamais une série télévisée n'a à l'orgine aussi bien collé à "l'air du temps", et c'est ce qui en a fait la référence en matière de série d'action ces dernières années. Cela résulte en la conjonction de 3 facteurs principaux :

  • Le concept : c'est l'originalité initiale de la série, et l'argument principal de vente (et/ou de promotion dans les différents pays) de la première saison. La narration en temps réel : chaque saison dure un jour en continu (24 heures), chaque épisode dure une heure, et "les évènements sont rapportés en temps réel" (version VF du message affiché en début de saison).
    Temps réél signifie qu'aucune ellipse n'est possible (à part pendant les coupures pub, qui représentent plus de 25% de "l'heure de Jack" aux US…). Ce concept totalement novateur (et très bien respecté dans la première saison, malgré une action non-stop) va séduire nombre de publics et de distributeurs : la série est déjà un succès…
  • Le scénario et la réalisation : la série dispose dès le départ de moyens à la hauteur de ses ambitions, le scénario est bien ficellé et inventif, et malgré la contrainte initiale (temps réel), le montage et la réalisation se révèle très efficace.
  • La coïncidence historique : la première saison avait déjà été tournée, la seconde était en cours de production, lorsque le 11 septembre est arrivé. C'était la rentrée télévisuelle, et la série devait débuter sa diffusion. Alors que plusieurs autres séries traitant du même thème (terrorisme) ont été immédiatement stoppées, "24" a survécu. La production de la seconde saison a bien été interrompue quelques jours, mais finalement reprise, et la première saison est apparue sur les écrans avec seulement un mois de retard, le 06 novembre 2001 (alors que le "fameux direct" sur CNN débuté à 8h50 le 11/09/2001, quatre minutes après le premier crash, n'était pas encore terminé…).
    La série s'est donc directement inscrite dans le climat de peur généralisée qui régnait à ce moment-là, et comme en plus son sujet principal (qui restera le même les 8 fois) est justement le terrorisme, la série a tout de suite conquis le public. Même à l'étranger avec le décalage habituel (septembre 2002 sur Canal+).
    Note : un des effets indirects (et peut-être, inconsciemment) de la série a été de donner du grain à moudre aux partisants du complot en ce qui concerne le 11 septembre. Réunis en groupes de pression, certains ont désormais une certaine notoriété grâce à perfecte maîtrise de la communication, en particulier sur Internet (je ne cite rien, une simple recherche suffira). L'autre aspect principal de la série est en effet l'implication soit des services anti-terroristes (où travaille le héros de la série) eux-mêmes, soit de l'État au niveau le plus haut, et ce dans l'ensemble des intrigues de la série (de la première à la huitième). Si la fiction rejoint la réalité, il est facile d'imaginer tout et n'importe quoi…

Critiques / Points récurrents


24 heures saison 8
Fox

   La critique a été excellente au départ de la série. Puis la seconde saison a beaucoup déçu, en particulier les fans, principalement à cause de la lenteur de l'intrigue principale et de l'ajout d'intrigues secondaires inutiles. En fait, le concept du temps réel de la série implique certaines choses : les lieux doivent rester proches les uns des autres sinon les protagonistes vont mettre plusieurs épisodes pour s'y rendre, les scènes d'action ne peuvent avoir les coupures de montage habituelles à moins que la situation le permette. Ces points, correctement résolus dans la saison 1, ont été soit négligés (lenteur), soit escamotés (intrigues secondaires) dans la saison 2. D'où les mauvaises critiques, et un changement à partir de la saison 3.

   A partir de la saison 3, la relation avec le temps réel a été quelque peu assouplie pour permettre un meilleur rythme dramatique. Et dès la saison 4, et de plus en plus au cours des saisons suivantes, les scénaristes n'hésitent pas à jongler entre les différents groupes de personnages sans se préoccuper de l'intégrité temporelle. Le concept initial de la série est cependant globalement respecté : les saisons durent 24 heures, chaque épisode représente 1 heure d'action. Mais les détails de durée de chaque scène ne sont plus aussi précis que dans les deux premières saisons.

   En plus du thème principal constant de la série (Jack Bauer a 24 heures pour déjouer un attentat), certains éléments sont récurrents et apparaissent dans chaque saison :

  • La violence est omni-présente, il y a au moins une scène de torture dans chaque saison.
  • Aucun personnage de la série n'est certain de terminer la saison vivant. Cela vaut pour tous, y compris certains personnages récurrents, qui ont parfois fait plusieurs saisons avant de finalement disparaître.
  • Il y a toujours un traître à la cellule anti-terroriste, qui se révèle à un moment variable de la saison.
  • A partir de la saison 3, il y a plusieurs "méchants", donc plusieurs intrigues successives dans une saison. En fait, les dernières saisons sont toutes découpées de la même façon, en gros 3 fois 8 épisodes, donc avec 2 rebondissements dans l'histoire (et changement d'adversaire principal pour notre héros).

Fin de la série


Jack Bauer
Fox

   Après 8 saisons, tous les éléments scénaristiques ont été utilisés et retournés dans tous les sens. En huit "journées", Jack a dû s'occuper d'une tentative d'assassinat contre le Président, d'une attaque bactériologique et chimique, d'un complot organisé par le Président lui-même, d'une attaque informatique et de quatre attaques nucléaires. Il a été confronté à des terroristes issus de Serbie, des États-Unis, du Moyen-Orient, du Mexique, d'Angleterre, de Turquie, de Russie ou de Chine. Malgré le fait que les audiences soient restées relativement stables au cours des années, et que la série ait reçu de nombreux prix, il devenait difficile de se renouveler suffisamment. Cette huitième saison sera donc la dernière.

   Cette dernière saison m'a semblé plutôt bonne, en particulier le dernier tiers. Tout en restant classique en ce qui concerne l'intrigue principale et les points récurrents cités plus haut, certaines modifications sur les personnages principaux (Jack et Chloé) sont bien trouvées, et permettent une excellente fin de saison (et de série). D'autre part, le retour de certains personnages des saisons précédentes est également une excellente idée.
Pour ce qui est de l'ultime épisode lui-même, j'aurais préféré que certains évènements se déroulent plus tôt dans l'épisode, car j'ai trouvé les 10 dernières minutes un peu trop remplies, et du coup la fin un peu abrupte. Enfin, pas de "silent clock" final (comme beaucoup l'avaient imaginé), mais au lieu d'afficher les 3 dernières secondes de l'heure comme dans les 191 épisodes précédents, la traditionnelle horloge affiche un chrono décroissant à partir de 00:00:03.

PS : un projet de film de cinéma est à l'étude, et sera peut-être tourné en 2011. Tout ce que l'on sait à ce sujet est qu'il s'agira d'une nouvelle journée de 24h, mais sur la durée normale d'un film (2h max), donc on oublie cette fois totalement le concept de la narration en temps réel.