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16-08-2008 22:09:27  Usain Bolt hallucinant sur 100m : 9"69

Usain Bolt
Un extraterrestre ? ou bien "Steve Austin" déguisé ?

Qui est donc ce gaillard longiligne de près de 2m, âgé d'à peine 22 ans, qui a survolé la finale olympique du 100m en 9"69 (nouveau record du monde, améliorant de 3 centièmes sa propre ancienne marque) ?

Une finale hallucinante


Même si le résultat final était attendu, le jamaïcain confirmant cette année ses records de précocité (champion du monde junior sur le demi-tour de piste à 15 ans) et les séries et demi-finales ayant été dominées avec aisance, c'est la manière qui aura marqué les mémoires ce samedi soir.
Avant même le départ, sa décontraction impressionne : il fait même quelques gestes pour amuser le public. Quelques couloirs plus loin à sa droite, Asafa Powell apparaît déjà crispé.
Auteur d'un départ moyen, Usain Bolt est pourtant légèrement en tête au moment de se redresser, alors que son adversaire annoncé, son compatriote Asafa Powell, est déjà un peu en retrait de la meute.
Dès qu'il se met vraiment en action, le jamaïcain creuse irrésistiblement l'écart, et à la mi-course il a déjà pratiquement gagné alors que Asafa Powell n'est plus un problème. C'est le trinidadien Richard Thompson qui reste seul un concurrent sérieux.
Ce dernier obstacle est définitivement effacé 30 mètres plus loin : à vingt mètres de la ligne, Usain Bolt commence à jeter de petits coups d'oeil à gauche et à droite. Le temps de s'apercevoir qu'il n'a, ni n'aura, aucun sprinter à son niveau...
C'est alors, à 15 mètres du but, qu'il commence une hallucinante célébration qui pourrait rester dans l'histoire.
Ouvrant les bras en grand, d'un air de dire "Mais vous êtes où ?", il se laisse presque porter par sa vitesse (40 km/h) pour franchir les derniers mètres, le regard tourné vers la tribune, s'offrant même le luxe de se frapper la poitrine au passage sur la ligne...

On n'avait jamais vu ça, jamais vu un sprinteur se permettre autant de célébrations, et de démonstrations (limite irrespectueuses) pendant un record du monde, qui plus est en finale des Jeux Olympiques (quoique.. voir plus bas).
Usain Bolt s'est donc imposé avec une facilité déconcertante (certains diront "indécent de facilité"), en coupant son effort avant la ligne d'arrivée, en 9"69, laissant penser qu'il peut aller encore bien plus vite ! Tout simplement impressionnant.
On n'ose même pas imaginer quel aurait été le temps si le sprinter n'avait pas laissé filer la dernière partie de la course. "Je me fichais du temps", a-t-il déclaré après la course.

Richard Thompson (Tri) prend la médaille d'argent en 9"89, tandis que Walter Dix est l'invité surprise du podium en 9"91, sauvant l'honneur américain.

Ce n'est pas fini pour Usain Bolt. Il lui reste encore le relais, où il accompagnera un Asafa Powell qui, pour la troisième fois de sa carrière, est passé à côté d'un grand rendez-vous (finissant 5ème en 9"95), et surtout le 200m, sa distance de prédilection !
Spécialiste du 200, Bolt ne s'est mis sur la ligne droite qu'à l'été 2007. Au bout de cinq courses, il s'appropriait déjà le record du monde en 9"72.
Il pourrait donc dans quelques jours rééditer l'exploit de doubler 100/200, qui n'a été réalisé que par Carl Lewis à Los Angeles en 1984.
Quant à Michael Johnson, commentateur de cette course pour la télévision et auteur du mythique 19"32 aux JO d'Atlanta (l'une des courses les plus mythiques de l'histoire de l'athlétisme), il doit commencer à trembler pour son record (jugé imbattable à l'époque), qui est aujourd'hui probablement à la portée du jamaïcain (à moins bien sûr qu'il "s'en fiche" et qu'il relâche après 175 mètres smile).

Interrogations légitimes


Usain Bolt
Cette finale ahurrissante fait resurgir de vieux souvenirs : on ne peut s'empêcher de repenser (pour ceux qui sont assez agés pour l'avoir vu en direct) à une autre finale d'anthologie, qui avait à l'époque procuré les mêmes frissons, sur un scénario identique.
A Séoul en 1988, la photo finish avait en effet un certain air de ressemblance avec celle de ce soir : le vainqueur doigt levé en l'air, avec plusieurs mètres d'avance sur ses adversaires... (et avec un record du monde à la clé, qui n'était évidemment pas aussi incroyable qu'aujourd'hui, 20 ans ont passé).
On sait ce qu'il en est advenu par la suite : Ben Johnson a été convaincu de dopage et déchu de son titre. Et cela a été le premier "gros" cas de triche révélé en athlétisme, prélude à une longue série, en particulier sur le sprint (en revanche, la natation a pour l'instant été relativement épargnée) : récemment, Tim Montgomery et Justin Gatlin sont tombés, ainsi que Marion Jones chez les femmes.
De là à croire qu'on ne peut gagner un championnat du monde ou la finale des JO qu'en se dopant (surtout en battant un record du monde, synonyme de retombées médiatiques et financières maximales), il n'y a qu'un pas, que beaucoup ont déjà franchi.
L'avenir nous dira si Usain Bolt est vraiment une pépite incroyable ou si le fait qu'il n'existe pas d'agence antidopage en Jamaïque ne l'a pas poussé à de sombres extrémités.
Dans le premier cas (qu'on ne peut qu'espérer), les scientifiques qui ont récemment établi la limite humaine possible aux environs de 9"60 sur un 100m devront sans doute revoir au moins légèrement leur copie dans quelques temps, tellement Bolt semble capable d'approcher la barre des 9"50...

En marge de cette finale, quelques autres résultats


Eliminé dès les quarts de finale en simple, Roger Federer tient tout de même sa médaille d'or. Le Suisse, associé à Stanislas Wawrinka, a remporté le tournoi de double en dominant en finale la paire suédoise Aspelin-Johansson (6/3 6/4).

Quatrième de sa série en 11"36, Christine Arron boucle la compétition avec le 17ème chrono des séries, première sprinteuse non repêchée pour trois petits centièmes. Interrogée après la course, sa réaction est principalement de l'incompréhension, signalant qu'elle vaut mieux que cela à l'entraînement.