(AFP) Même si les premières épreuves (en particulier les tournois de football masculin et féminin) ont commencé dès mercredi, c'est ce vendredi soir qu'ont vraiment officiellement commencé les
Jeux de Londres 2012 avec la
cérémonie d'ouverture.
L'organisation de ce spectacle a été confié Ã
Danny Boyle, le réalisateur de "
Slumdog Millionnaire", avec un budget d'environ 34 millions d'euros. Bien sûr, il semblait impossible, surtout par ces temps de restriction budgétaire, de vouloir égaler la démonstration de force millimétrée des Jeux de Pékin 2008. Si il y a 4 ans la cérémonie d'ouverture (que Eurosport a eu la bonne idée de nous rediffuser il y a quelques jours) avait été
grandiose et magique, il ne faut pas oublier qu'elle disposait d'un budget quasi-illimité.
Et la meilleure façon de ne pas se comparer à la précédente cérémonie était sans doute de
tout changer, ce qu'Ã bien compris Danny Boyle. Finies les
superbes figures chorégraphiées par des centaines de figurants, oubliés les athlètes
suspendus dans le vide marchant sur un globe géant (ou autour du stade pour l'allumage de la flamme). Avec environ 10 000 figurants (contre 15 000 à Pékin), le réalisateur a préféré se concentrer sur ce qu'il sait faire :
raconter des histoires.
(AFP) Le tableau initial (
cf. photo 2), évoquant le Royaume-Uni rural d'antan (des collines vertes, des fermes), était pré-installé dans le stade, et d'ailleurs les figurants jouaient déjà leur rôle
plus d'une heure avant le début officiel de la cérémonie, histoire de faire patienter les 80 000 spectateurs. Puis le récent vainqueur du Tour de France,
Bradley Wiggins, a fait résonner une énorme cloche peu après 21h00 locales (22h00 en France), donnant ainsi le départ réel de la cérémonie. Le paysage rural n'a pas tardé à être bousculé par la
révolution industrielle : d'immenses
cheminées d'usine surgissant du sol (
cf. photo 3), des routes recouvrant progressivement la campagne, une forge de l'enfer, le tout accompagné par des tambours et un orchestre symphonique… Un
premier grand moment de la cérémonie.
Puis quatre anneaux olympiques glissaient sur des filins placés sur le toit du stade, rejoints par un cinquième (
cf. photos 1 et 5) qui, sorti des hauts fourneaux au milieu de la scène, s'élevait vers l'empyrée, encore incandescent (et avec un effet pyrotechnique du plus bel effet représentant l'acier en fusion).
Deuxième grand moment.
C'était ensuite l'heure de l'entrée officielle de la Reine. Pour celle-ci, un petit film avait été prévu, la reine étant accompagnée en hélicoptère par
James Bond (l'autre Britannique mythique à être mondialement connu) personnifié par son interprête actuel
Daniel Craig, puis sautant en parachute au-dessus du stade (les parachutes représentant l'
Union Jack, ce qui est un autre clin d'œil à James Bond puisque c'est la
fameuse scène d'ouverture de "
L'espion Qui M'aimait").
(AFP) Le tableau suivant a fait honneur au
National Health Service (NHS), le service de santé publique britannique. Dans une fantasmagorie étrange, des infirmières et leurs patients (des enfants) devaient affronter les démons de la littérature britannique, tel Voldemort (l'auteure des "Harry Potter" étant d'ailleurs présente sur scène un peu plus tôt). C'était sans compter l'intervention de dizaines de Mary Poppins (autre icône de la littérature anglaise), descendues du ciel.
Un tableau assez bizarre, d'une part par le thème peu en rapport avec le sport, et d'autre part par le joyeux bordel qu'il semblait être parfois (contrastant là -encore avec les précédentes cérémonies, que ce soit Sydney, Athènes ou Pékin).
Le spectacle a ensuite pris une tournure nettement plus festive (mais toujours avec un certain désordre apparent), avec un jouissif tour d'horizon du patrimoine musical britannique, des Beatles et Rolling Stones aux stars plus récentes en passant par David Bowie. Cette partie a été initiée par l'interprêtation des "Chariots de Feu" par l'orchestre symphonique de Londres (l'un des plus prestigieux au Monde), accompagné pour l'occasion d'un "intrus" :
Rowan Atkinson au synthé
, qui à lui seul a
parfaitement représenté l'humour britannique en livrant un sketch hilarant, digne de "
Mr Bean" (et d'ailleurs fortement inspiré par son fameux sketch dans l'église…). Le moment
le plus drôle de la cérémonie.
(David Gray / Reuters) Après le traditionnel défilé des athlètes (204 délégations, soit
une douzaine de plus que le nombre de pays), le clou a évidemment été l'arrivée de la flamme olympique, transmise par le footballeur
David Beckham à la légende de l'aviron
Steve Redgrave, vainqueur de cinq médailles d'or en cinq JO, à qui est revenu l'honneur de la faire entrer dans le stade. L'ultime relais était ensuite constitué non pas d'un mais de
sept jeunes athlètes britanniques ("parrainés" par des anciens, dont Dailey Thompson), qui ont enflammé au centre du stade un calice de 205 pétales, dans un final très beau mais peu exceptionnel (
cf. photo 4).
Conclusion : la cérémonie a été
nettement différente des 3 dernières. Malgré quelques tours de force surprenants et très beaux (la montée des cheminées ou celle des anneaux), la beauté visuelle et l'émotion ont été sacrifiées au profit du fond. Ce n'est pas forcément un mal : la cérémonie est apparue
beaucoup plus "humaine" que les autres. Et globalement, elle était
réussie.
(AFP) Attention cependant pour l'avenir à ne pas multiplier les
séquences filmées : le
direct dans le stade doit être privilégié. Je ne dis pas qu'il fallait réellement jeter la Reine dans les airs
, mais justement : puisque ce n'était pas possible (d'ailleurs même les cascadeurs ne pouvaient pas atterir dans le stade) autant laisser tomber l'idée (et faire une
scène réelle dans les coulisses du stade, toujours avec Daniel Craig et la Reine, mais en direct).
Note : de même, la scène avec David Beckam sur la Tamise m'a semblé filmée à l'avance, pas en direct.
Enfin, j'ai personnellement été déçu par la fin : la tradition impose en effet que la vasque olympique reste allumée pendant la durée des Jeux. Or, en la plaçant au centre du stade, il est évident que ce ne sera pas le cas cette année… (bon, c'est un détail, mais quand même…).