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22-02-2009 00:56:21  Man On Wire : impressionnant

Il y a certains films qui ne paient pas de mine au départ et qui s'avèrent finalement excellents, voire exceptionnels.

"Man On Wire" fait partie de cette catégorie : un film documentaire britannique peu connu (d'ailleurs sorti en France directement en DVD, pas en salles), mais qui se retrouve classé comme "le film le mieux noté de tous les temps" sur un célèbre site de critique américain, et qui sera incontestablement le grand favori pour l'Oscar du film documentaire dimanche soir (rappel: les Oscars 2009, dimanche 22 février à partir de minuit).
D'ailleurs, le film a déjà été distingué au dernier festival de Sundance.

Philippe Petit : Le funambule
Crédit : Jean Louis Blondeau
Le documentaire (dont le titre français est "Le funambule") relate ce qui sera ensuite appelé par la presse le "crime artistique du siècle" : au matin du 07 août 1974, les new-yorkais découvraient un homme dansant sur un fil tendu entre les deux tours jumelles du World Trade Center, alors tout juste achevées.

C'est dès la lecture d'un article faisant état du début de ce projet architectural hors du commun, que le funambule français Philippe Petit a eu l'idée d'en faire son terrain de jeu. On suit ainsi plus de 6 ans de préparation intensive, dont ses exploits précédents entre les deux tours de Notre-Dame de Paris et entre celles du Harbor Bridge à Sydney, pour en arriver aux détails de l'opération elle-même (évidemment illégale), extrêmement minutieuse mais émaillée d'incidents divers.

L'une des grandes forces du film réside dans la forme utilisée par le réalisateur anglais James Marsh. Il réussit en effet à parfaitement mêler :
- des interviews d'aujourd'hui des principaux protagonistes (forme "classique" du documentaire). Et on peut mesurer leur émotion encore palpable plus de 30 ans après cette aventure.
- des documents d'époque (vidéos et/ou photos). Les vidéos filmées à Notre-Dame et Sydney, mais également plusieurs vidéos de la construction du World Trade Center (où on voit en particulier le montage de ces armatures en acier d'un seul bloc, devenues tristement célèbres...).
- de longues séquences reconstituées (forme du "docu-fiction"). Et là, chapeau : les acteurs choisis sont TELLEMENT ressemblants (avec 30 ans de moins) que l'on a parfois du mal à savoir s'il s'agit d'une reconstitution ou d'images d'époque (d'autant que quelques "vraies" photos sont astucieusement mêlées aux reconstitutions). Toutes les séquences d'entraînement en France ou de la préparation finale (les plans, les repérages, les maquettes, etc..) sont vraiment bluffantes de réalisme.

La partie "interviews" fait évidemment la part belle à Philippe Petit lui-même, dont on découvre la personnalité, à la fois fascinante et dérangeante. Passionné par son art, il l'est indubitablement : il faut l’entendre raconter son aventure avec encore, plus de 30 ans plus tard, une exaltation débordante et des lumières dans les yeux. Mais en même temps, son charisme naturel, qui lui a permis de réunir autour de lui les complices dont il avait besoin, ne masque pas un caractère assez ego-maniaque et un homme assez imbu de sa personne (cela ayant évidemment été accentué par la renommée instantanée dont il a bénéficié après les faits).

Au-delà des aspects "techniques", le film brille également par sa construction : très rapidement, on oublie qu'il s'agit d'un documentaire, et on est captivé par la narration de ce qui pourrait tout aussi bien être l'histoire d'un cambriolage de banque ou d'un bon vieux "film noir" d'espionnage. Car tous les éléments (réels rappelons-le) sont là : la constitution d'une équipe hétéroclite et improbable, les entraînements, les défis techniques (comment déjouer la sécurité et installer le câble de nuit), les heures passées à observer les allées et venues dans les deux immeubles, les faux papiers, fausses identités et déguisements, le jeu du chat et de la souris avec les gardiens, et même le classique "complice de l'intérieur"...

Philippe Petit : Le funambule
Bref, un vrai "thriller", particulièrement exaltant et captivant, et qui plus est, soutenu par une excellente bande sonore signée Michael Nyman, aérienne et planante.
Ajoutons à tout cela le parti pris du réalisateur d'ajouter quelques éléments burlesques (ou issus des films muets) aux scènes de reconstitution, qui sont autant de "respirations" plutôt bienvenues.

Et puis...
Il y a évidemment la beauté de l'acte lui-même.
Après ce crescendo de suspense organisé par James Marsh tout au long du film, comment ne pas succomber à l'infime poésie de ce moment final...
Voir un homme faire des figures (saluer, se coucher sur le fil, etc..), sur un câble (tendu à la va-vite) à 450 mètres du sol, est tout simplement... de la pure magie.

Une promenade dans le ciel (45 minutes au total, avant d'être contraint de se rendre aux autorités, qui menaçaient sa vie avec leur hélicoptère) tout aussi incroyable que mythique...
Le film se garde bien de faire la moindre allusion au 11 septembre, et c'est tant mieux, puisque ce n'était pas le sujet. Mais dans l'esprit des spectateurs, l'évènement renforce évidemment l'aspect émotionel du sujet.

Conclusion : A VOIR ABSOLUMENT... (10/10)

PS : il y a certaines rumeurs à Hollywood qui font état de discussions en vue de réaliser un film de fiction basé sur la même histoire vraie. Il serait réalisé par Robert Zemeckis, a priori gage de qualité...

Bande-annonce de "Man On Wire" (anglais) :

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