Accueil

 

 

 
 

19-05-2008 02:09:28  James Bond : Casino Royale

Casino Royale

Casino Royale  A l'occasion de la diffusion de Casino Royale sur Canal+, un petit commentaire sur ce film.

(Note : je suis obligé de "révéler" certaines choses (so, "spoilers inside") pour argumenter mon propos, mais rien de bien méchant, je ne vais pas vous raconter le film... wink)

 

Introduction

  Dans la grande majorité des cas, et dans tous les genres (comédie, policier, fantastique, etc...), il vaut TOUJOURS mieux voir un film (que ce soit en salle, en dvd ou à la télévision) SANS avoir lu de critiques et/ou bande-annonces du film (en particulier les bandes-annonces télévision qui donnent la plupart du temps une image faussée du film, quand elles ne révèlent pas toute l'intrigue du film).

Casino Royale est l'exact contre-exemple à cette règle : SANS avoir lu un certain nombre de choses sur ce film, on risque de passer à côté de quelque chose, et surtout de mal apprécier le film.

En effet, à l'occasion du changement de l'acteur principal, les producteurs ont voulu donner un second souffle (voire un troisième) à une série vieille de 40 ans. Ce choix s'exprimant de manière particulièrement drastique sur de nombreux aspects, il vaut mieux être averti un minimum avant de voir le film, sous peine d'être déçu, voire indigné.

Un nouvel acteur... pour un nouveau personnage

Daniel Craig  Lorsqu'il a été annoncé, le choix de Daniel Craig en remplacement de Pierce Brosnan pour interprêter James Bond a paru incongru (et largement critiqué) : un blond aux yeux bleus !!

Mais après visionnage, le moins que l'on puisse dire c'est que l'acteur s'en sort très honorablement, aidé par un scénario très centré sur la psychologie du personnage et par la volonté manifeste des producteurs de débuter une nouvelle phase de la franchise (ce qui rend la comparaison avec les précédents opus relativement inadéquate).

Daniel Craig incarne ici un James Bond new-look, plus sombre, plus violent, mais également plus sensible. En reprenant l'histoire à ces débuts, le scénario permet de montrer un personnage plus brut et de comprendre son rapport aux femmes, sa facilité à tuer, sa façon de fonctionner...

On est très loin du héro invincible présenté dans les précédents opus (même si certaines tentatives dans ce sens avaient déjà été tentées, en particulier avec Permis de tuer).
Lorsqu'il saute de grue en grue ou bien sur le sommet d'un camion, James manque à chaque fois de se louper, et lorsqu'il se bat à mains nues, il prend AUSSI des coups et ça SE VOIT.

Un renouveau complet... au prix de l'abandon des "codes" ? (Gunbarrel, Girls, Gadgets, Musique)

Le Chiffre  Profitant à la fois du changement d'acteur principal et de l'adaptation du premier roman de Ian Flemming (c'est à dire la première aventure de l'agent 007), les producteurs ont décidé en quelque sorte de créer une nouvelle série, réinventant le mythe pour le transposer aujourd'hui.
Cela passe par certains choix drastiques qui pourraient être mal compris par les fans de la série, mais qui se révèlent au final fort judicieux.

Et cela commence dès la première seconde du film : depuis 40 ans et 20 films, un James Bond débute par le fameux "Gunbarrel" : une vision subjective de l'intérieur d'un canon de pistolet, avec l'acteur principal (James Bond) en fond de visée qui tire sur vous, puis le sang qui dégouline sur l'image.
Cette scène de 5 secondes symbolise à elle-seule un "James Bond Film" : on se dit "ça y est, on est bien dans un JB...".
S'ensuit généralement la scène "pré-générique", souvent sans rapport avec l'intrigue principale du film, qui est devenu au fil des épisodes LA scène d'action spectaculaire (et attendue) que tout Bond doit proposer.

Daniel CraigMais SURPRISE (voire "déception" si on n'est pas "averti", d'où l'utilité de cet Article.. wink) : Casino Royale débute directement sur une scène en noir et blanc (et même avant le début, car même le logo "Columbia" est en noir et blanc, effet "pré-film" spectaculaire déjà utilisé sur Matrix et Waterworld entre autres) qui présente la façon dont James Bond a "acquis" son titre de "double-zéro".
Cette scène se TERMINE par le Gunbarrel, intégrant pour la première fois celui-ci DANS L'ACTION (certes, de manière un peu artificielle, mais bon).

L'explication est simple (ou tirée par les cheveux selon les détracteurs) : le Gunbarrel n'a de sens qu'APRES que James Bond ait acquis son titre de double zéro, c'est donc logique qu'on ne le retrouve pas au tout début du film. Sous-entendu, il reviendra à sa place lors du prochain film. So, let and see..

Le générique qui suit est quant à lui tout à fait conforme à ce que l'on attend d'un James Bond, un vrai "must see" sur le thème du poker (qui est le thème général du film), dont certains ont juste reproché l'absence de silhouettes féminines (qui, il est vrai, représentaient un autre "code" de la série. Mais comme nous le verrons ci-dessous, l'aspect "Girls" a également été gommé dans cet épisode).

Ceux qui auront été frustrés de ne pas avoir de scène d'action spectaculaire en ouverture du film seront comblés avec la première scène d'action post-générique : une incroyable course-poursuite (à pied) de plus de 11 minutes...:)

Pour ce qui est des autres "codes" malmenés :

  • Les Girls : forcément moins présentes (en nombre) dans un épisode où James Bond tombe amoureux...
  • Les Gadgets : alors là, nette restriction !!
    Fini les lances-roquettes (ou autres dispositifs plus ou moins farfelus) sur les voitures, de même les montres laser ou ultra-sons. Les seuls gadgets sont une puce de localisation insérée sous la peau et un défribilateur cardiaque portatif.
    Même si les gadgets de James Bond étaient l'un des éléments constitutifs de la série (et l'un des plus apprécié et des plus attendu par les fans), il faut néanmoins admettre qu'à force de vouloir faire "plus fort" d'épisode en épisode, on était finalement arivé aux limites de l'exercice : la voiture invisible du précédent opus avait déjà dépassé les limites de l'acceptable.
    On ne serait donc qu'être satisfait de voir que les producteurs ait voulu rendre "crédibles" ces quelques gadgets, ce qui en plus valide l'ensemble du "renouveau" proposé.
  • Les "phrases cultes" : dans cet épisode "originel" (puisque c'est comme cela que l'on doit considérer Casino Royale), James Bond DECOUVRE le martini-dry. Du coup, il n'est pas illogique (et encore moins "contraire à l'éthique", comme l'ont suggéré certains) qu'à la question "Au shaker ou à la cuillère ?" il réponde "Qu'est-ce que j'en ai à foutre !" dans un accès de colère.
    Quant à la fameuse réplique "My name is Bond, James Bond...", qui est censée dans la série être la première présentation de Bond au public, les producteurs ont astucieusement choisi de la placer en CLOTURE du film, marquant le fait que James Bond DEVENAIT le personnage que l'on connaissait, A LA FIN du film.
  • La Musique : c'est le point qui (à mon avis) est le plus discutable (parce qu'il n'y a aucune justification réelle, à la difference des points précédents). Le thème principal de Monty Norman (et l'orchestration de John Barry), normalement utilisé pour la plupart des scènes d'action de l'agent 007, n'est cette fois fois présent qu'au générique de fin.
    Notons en ce qui concerne la musique (globalement créditée à David Arnorld, compositeur atitré de la série depuis quelques années) que la chanson du "main title" est chantée par une voix masculine (Chris Cornell), ce qui n'était pas arrivé depuis 1987.
Daniel Craig

Il ne faut donc pas rester sur une position/critique initiale : les "codes sont toujours là, mais ils sont juste redistribués et/ou ré-inventés, en fonction de la volonté de créer une nouvelle série à la franchise.

Un scénario et une réalisation sans faille...

Eva GreenLa réalisation a été confiée à Martin Campbell, qui est donc chargé une seconde fois d'orchestrer un renouveau dans la série : c'est en effet lui qui avait réalisé le premier des films avec Pierce Brosnan, GoldenEye.

Quant au scénario, il est signé (en collaboration avec 2 autres scénaristes) par Paul Haggis, nommé aux Oscars pour Million Dollar Baby et oscarisé l'année suivante pour Collision.

C'est l'adaptation du premier roman de Ian Flemming, assez fidèle selon ceux qui l'ont lu, la partie de baccarat ayant été remplacée par une partie de poker (Texas Holdem No Limit), bien plus dans l'air du temps.
Cette partie de poker constitue la partie centrale du film. Notons également que le scénario fait une large place à la romance entre James Bond et le personnage joué par Eva Green, Vesper Lynd, rappelant un peu Au Service Secret De Sa Majesté.

Quant aux scènes d'action, elles sont évidemment spectaculaires, peut-être moins nombreuses que dans les autres films mais aussi plus longues, et surtout beaucoup plus réalistes, avec un James Bond qui souffre et saigne, et sans tous les gadgets improbables des précédents films.
A ne pas manquer (attention, ça dure seulement 5 secondes) : une cascade automobile époustouflante (située aux 3/4 du film), qui a d'ailleurs été inscrite au Livre des Records...

Conclusion

Ce 21ème opus de la série pourra paraître déroutant (ou pire...) à ceux qui attendent un James Bond "classique". Mais une fois que l'on a intégré la volonté de renaissance de la franchise, on comprend mieux les choix des producteurs, et Casino Royale apparaît alors comme un excellent James Bond, probablement plus conforme au héro imaginé par Ian Flemming. Le film a d'ailleurs reçu un bon accueil, des spectateurs ET de la critique.

Il ne faut donc pas tenter de comparer ce film avec les précédents, mais plutôt l'envisager comme le premier épisode d'un "nouveau" James Bond. Notons que le 22ème film est actuellement en tournage (sortie prévue en novembre 2008) et qu'il constituera, fait unique dans la série, une suite directe, l'histoire reprenant juste après la fin de Casino Royale.