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25-11-2008 07:27:24  Parti socialiste : "No they can't"...

Pour son "renouveau" annoncé, le parti socialiste avait besoin d'un slogan clair et bien identifié, représentant le PS dans toutes ses diversités..

Et bien, à la lumière des évènements des derniers jours / semaines / mois / années, il semble que celui-ci soit tout trouvé :

c'est le même que celui d'Obama, mais à l'envers !


  • "Non, ils ne peuvent pas", déjà fin 2006, désigner un candidat unique aux futures présidentielles, ayant le soutien de tous leurs militants (ou au moins une très large majorité) et de tous leurs dirigeants.
    Au lieu de cela, ils ont fait des "primaires" désastreuses (sans, en particulier, la culture US de ce genre de pratique, qui est en cours depuis longtemps là-bas), qui n'ont finalement servi à rien sur le plan politique (puisque c'est la favorite des sondages qui a été investie), mais qui ont eu comme conséquences d'une part de diviser les militants eux-mêmes, de même que les principaux dirigeants du parti (dont certains à la fin ne soutenaient leur propre candidate que du bout des lèvres), et d'autre part de faire s'interroger les sympathisants sur les réelles capacités de ceux qu'ils étaient conviés à mettre au pouvoir.
    Résultat, la gauche a perdu, alors qu'elle était donnée gagnante un an auparavant..
  • "Non, ils ne peuvent pas", après l'élection de 2007, tirer les leçons de leur défaite, se remettre en cause, bousculer le calendrier interne du parti (qui donnait plus d'un an de "répit" à la direction sortante) afin de refonder TOUT DE SUITE le parti sur de nouvelles idées, et un nouveau leader clairement identifié.
    Au lieu de cela, tous les responsables sont restés sur leurs positions d'avant la présidentielle, et ont tous commencé à se regarder en chiens de faïence, personne "n'osant" trop hausser la voix de peur de se "brûler" pour les futures élections internes (même François Hollande, pourtant non candidat à sa ré-élection n'a pas fait montre d'un dynamisme débordant ces derniers mois). Même dans les diverses manifestations citoyennes, on ne trouve plus qu'une poignée de militants isolés et quasiment AUCUN responsable.
    Résultat, une opposition "molle" depuis le début de la présidence Sarkozy, à part les inévitables "piques médiatiques" par-ci par-là (pour garder un minimum de "visibilité" auprès du public). Certainement pas le début d'un commencement de programme alternatif à la politique actuelle...
  • "Non, ils ne peuvent pas", avant leur Congrès National, faire fi des égos et se mettre au moins d'accord sur 2 lignes (voire trois, en comptant certains courants ultra-minoritaires) clairement définies et DIFFERENTES (autrement que par la simple personnalité de celui ou celle qui la porte).
    Au lieu de cela, ce ne sont pas moins de 5 motions (ou 6 ?) qui ont été soumises aux militants, favorisant de facto dès le départ la division interne et rendant difficile l'analyse des résultats eux-mêmes (on vote pour la ligne politique, les idées, ou bien la personne qui sera chargée de les appliquer ?). Le ralliement de Bertrand Delanoë à la motion de Martine Aubry, avant même le premier tour de l'élection du Secrétaire Général, montre bien que chacun a voulu avancer ses pions en se disant "on verra si ça passe" (alors qu'une alliance dès le départ aurait donné un scénario bien différent).
    Résultat, un clivage des militants, un début de confusion chez les sympathisants, et les prémisses d'un échec...
  • "Non, ils ne peuvent pas", à l'issue du vote des motions, faire la "synthèse" habituelle autour de la motion arrivée en tête. C'était pourtant L'OBJECTIF de ce Congrès, mais les rancoeurs personnelles entre dirigeants le rendait impossible à atteindre, SURTOUT avec ces résultats (qui, point précédent, sont dus à la division originale).
    Au lieu de cela, on a commencé à voir des "magouilles d'appareil", tel que le retrait de Delanoë, opéré sans doute autant pour la création d'un front anti-Royal que pour son intérêt personnel en vue des présidentielles 2012.
    Résultat, un congrès aussi INUTILE que coûteux, et un énervement compréhensible chez les militants. Et chez les autres, qu'ils soient sympathisants ou membres de la majorité, au mieux des sourires amusés, au pire une certaine jubilation...
  • "Non, ils ne peuvent pas", à l'issue du premier tour de l'élection du Secrétaire, s'empêcher de continuer les "petits arrangements entre amis". Certes, Benoît Hamon, étant arrivé 3ème, devait se retirer, c'est la règle. Mais pourquoi donner aussi explicitement des consignes de vote pour le second tour ? Au contraire du ralliement précédent de Bertrand Delanoë, qui à part les considérations personnelles était relativement proche de la ligne Aubry, celui-ci apparaît comme CONTRE-NATURE. Hamon, lui, défendait une ligne clairement plus à gauche et présentait finalement la seule alternative crédible à tous les autres. Il s'était logiquement maintenu à l'issue du vote des motions, il fallait qu'il se retire sans consigne de vote.
    Au lieu de cela, il s'est empressé de rejoindre le clan Aubry, montrant ainsi que même en étant le plus jeune des candidats (et la vraie révélation de ce congrès), il était déjà influencé par les mauvaises habitudes d'un parti sclérosé.
    Résultat, des militants encore plus déboussolés, clairement appelés à voter "Pour ou Contre Ségolène Royal" (et donc sans aucune notion de programme ou d'idées, l'argument du "renouveau" avancé alternativement par l'une ou l'autre des candidates n'étant pas crédible de la part de femmes engagées au PS et aux responsabilités depuis 30 ans)...
  • "Non, ils ne peuvent pas" organiser des élections internes fiables. Et pourtant, tout le monde était conscient dès le départ que ce second tour serait SERRE. Peut-être pas à 0,02% près, mais en tout cas, vu la progression en pourcentage de Ségolène Royal entre le vote des motions et le premier tour, et le report "suspect" de Benoît Hamon, IL ETAIT CLAIR que cela se jouerait dans un écart d'au plus 1 ou 2%. Il fallait donc que le vote soit organisé de manière claire et vérifiable, que des observateurs supplémentaires soient délégués dans les sections "à risque", etc..
    Au lieu de cela, le vote s'est déroulé comme si la question posée était "avez-vous oui on non aimé le dernier James Bond ?". Bien sûr, la majorité des sections ont fait un travail sérieux (vérification des identités, recomptage éventuel, discussions sur les bulletins litigieux, etc..). Mais dans un vote aussi serré, chaque voix compte et les imprécisions, erreurs (voire "magouilles") révélées tout le long du week-end ne donnent VRAIMENT PAS une bonne image du PS, ni même de la démocratie en général. Je ne reviendrai pas ici sur les différentes "contestations" encore en cours d'examen (pour ne pas dire "méthodes de triche"), elles sont amplement détaillées dans les médias. Il semble juste que ce sont TOUJOURS les mêmes Fédérations ou sections qui sont en cause depuis plusieurs années lors de ses "erreurs" : pourquoi rien n'a été fait pour mettre fin à ces agissements ?
    Résultat, la large majorité des militants, qui ont d'une part fait l'effort d'aller voter une 3ème fois et d'autre part l'ont fait dans une section "honnête et transparente", sont DEGOUTES de leur propre parti (même certains élus ont déjà décidé de quitter le navire), certains sympathisants sont déjà en train de choisir vers qui ils vont se tourner (Besancenot / Melanchon / Bayrou), et les opposants (UMP) ont pris le parti d'éviter de tirer sur l'ambulance tellement c'est risible...
  • "Non, ils ne peuvent pas" accepter les résultats d'une élection démocratique, fûsse-t-elle serrée. Pour l'instant, cela s'applique à Ségolène Royal parce que Martine Aubry est légèrement en avance dans les résultats "officiels" (sic), mais n'en doutons pas, si le résultat avait été inverse dans les mêmes proportions on aurait TOUT AUTANT crié au complot dans le camp adverse. La preuve étant la précipitation de Martine Aubry a proclamer sa victoire, alors même qu'elle était au courant que de nombreuses contestations étaient en cours. Ce qui aurait été "fair-play" et démocratique aurait été de dire, comme les américains, le classique "too close to call" (trop serré pour se prononcer).
    Au lieu de cela, Martine Aubry a célébré sa victoire (de 42 voix d'écart) dès samedi matin. Et Ségolène Royal a répliqué par une intervention PATHETIQUE au journal de 20h le soir même. Je crois avoir rarement vu une intervention d'un responsable politique aussi mauvaise au journal de 20h, même lors de soirées électorales. En appelant ainsi à un "re-vote" des militants, je pense que s'il y avait quelques indécis dans SON électorat, elle les a perdus. D'autant plus qu'elle en a remis une couche ce lundi soir sur Canal+ : à une remarque de Michel Denisot sur le nombre de voix nécessaire pour être élu ("il en suffit d'une de plus ?"), elle répond en gros "non.. cela dépend du nombre de contestations..". Ce qui revient à dire qu'elle demandera de re-voter jusqu'à ce qu'elle soit élue.. (note: j'exagère un peu, je sais que ce n'est pas ce qu'elle a voulu dire, mais on peut aussi l'interprêter comme cela, puisqu'elle demande le "re-vote" MEME APRES le résultat de la commission chargée du règlement des contentieux..).
    Résultat, c'est le bordel dans les deux camps, Manuel Walls menace de porter plainte dimanche sur Canal+ pour "faux en écriture", aussitôt quelqu'un lui réplique par "plainte en diffamation"...
  • "Non, ils ne peuvent pas" empêcher les médias étrangers de se "moquer" (au mieux) de tous ces problèmes d'élection interne. On pourrait penser initialement que l'enjeu est franco-français (voire même socialo-socialiste). Les humoristes français ("Guignols" en tête) se déchaînent sur le sujet, et c'est normal.
    Au lieu de cela, les médias étrangers se sont AUSSI emparés du "buzz". En particulier les américains qui, se souvenant de nos "railleries" lors du scrutin présidentiel de 2000 en Floride, en profitent largement pour nous renvoyer la balle.
    Résultat, la lecture des "foreign headlines" des principaux journaux américains montrent qu'ils s'intéressent au débat, et comme en plus ils comprennent encore moins que nous les différences entre les deux candidates, ils se moquent aisément de ces "frenchies" qui venaient leur faire la leçon il y a quelques années...
  • "Non, ils ne peuvent pas" se gouverner eux-mêmes, quelle que soit l'issue de la décision finale du Conseil National du PS. En considérant que la commission de récolement (qui signifie seulement "inventaire", donc pas de décision à prévoir) rende son avis et que le Conseil National prenne une décision (ce soir, demain soir, dans une semaine ou après 2 mois de tergiversations juridiques), on pourrait croire que le problème sera alors définitivement réglé.
    Au lieu de cela, la future Secrétaire Générale du PS sera confrontée à une opposition bloquant toute décision importante. Si Ségolène Royal est élue, elle sera opposée à tous les grands responsables actuellement en fonction, si Martine Aubry est élue, elle sera opposée à une "figure médiatique" qui refusera d'être reléguée au second plan. Dans les 2 cas, le parti aura à faire face à une défaite "mathématique" lors des prochaines régionales (l'objectif étant plutôt de limiter la casse) et à un problème classique (et historique) de cohésion lors des prochaines européennes (là où les divisions du parti s'expriment le plus).
    Résultat, quoi qu'il arrive, le PS semble mort. Peut-être vaudrait-il mieux envisager dès à présent une scission, plus claire pour tout le monde...
Compte tenu de ces constatations, il semble clair que "Non, ils ne pourront pas" (en l'état) constituer une alternative politique crédible en 2012..